Temple de Nyon – Eglise Notre Dame
Projet: Concours pour une restauration générale
Année de construction: XIIIème - XXème siècles
2009 - 2010
Contexte
En 2007, la Municipalité de Nyon décide de lancer le projet d'une restauration du temple de Nyon en passant par 4 phases: diagnostic complet, attribution de mandants d'architectes et de spécialistes par appels d'offres, études de restauration et réalisation de ladite restauration.
Il n'est pas prévu de modifier la répartition des locaux, mis à part une éventuelle utilisation du volume de la tour reconstruite en béton armé en 1936.
Il est préconisé une intervention douce, respectueuse de la substance historique du bâtiment avec une application stricte des règles de l'art en matière de restauration de monuments tout en répondant à un souci d'économie d'éenergie sans que la substance architecturale, historique et artistique et soit prétéritée. La restauration doit également tenir compte du critère économique, tout en remplaçant l'installation de chauffage par des énergies renouvelables.
Déontologie
L’église Notre-Dame, dont les étapes de construction s'échelonnent du XIIème siècle au XXème siècle, forme un tout homogène. Pourtant, durant 8 siècles, ses constructeurs ont agrandi et transformé cet édifice, en adaptant une partie des étapes précédentes. Dans ce processus, des chapelles ont été érigées, ainsi qu’une sacristie. Quantités d’éléments ont été modifiés ou détruits. Des matériaux nouveaux sont apparus, comme le ciment et le béton, ainsi que les bois contreplaqués. Chacune de ces interventions est le reflet de son époque. Certaines ont été faites en réponse à des besoins programmatiques et économiques, d’autres dans le cadre de l’entretien. Avec le recul, on constate que certaines applications bien intentionnées et fondées sur le moment se sont avérées par la suite inappropriées. Malgré cela, l’église conserve une remarquable intégrité et, de ce fait, la plupart des éléments doivent être traités avec toute la prudence requise. Le tri entre ce qui doit être préservé et éventuellement éliminé sera fait en fonction de la matérialité de l’objet concerné, de son adéquation au contexte et aussi des implications pour revenir à l'état antérieur.
Voici quelques exemples : la suppression des tirants sur CN1 et CN2, considérés comme « disgracieux », serait une amélioration esthétique mais, ils font partie de l'histoire et témoignent des désordres statiques consécutifs à la construction des chapelles. Ils évoquent une certaine fragilité, mais leur facture est bonne. Leur retrait constitue une opération très délicate nécessitant de bien évaluer les enjeux. A contrario, les joints au mortier hydraulique de la voûte du chœur sont non seulement inesthétiques, mais ils sont surtout inadéquats par la nature du matériau qui est trop dur et ne laisse pas passer la vapeur d’eau. Dans un autre registre, le piquage des crépis conçus avec des liants hydraulique dans la nef pose des problèmes de vibrations très néfastes pour les décors et les voûtes, leur enlèvement est déconseillé. Concernant le mobilier, notamment les bancs de 1682, seul un ébéniste qui connaît les collages à la colle d'os, lesquels sont démontables comme les assemblages tout bois, peut faire ce travail dans les meilleures règles de l’art. La galerie impose un volume qui perturbe la qualité spatiale, la perception des voûtes et de l’orgue. Enfin, le tambour très massif et la porte d'entrée sont de facture moyenne en panneaux de chêne, aussi ces deux éléments méritent une remise en question.
Méthodologie
Après une purge soignée des éléments indésirables, les travaux se dérouleront autant que possible suivant des techniques traditionnelles, en particulier pour les crépis à la chaux, le travail de la pierre, la charpenterie, la couverture, la ferblanterie, les peintures, les badigeons, les décors peints et l’ébénisterie. Il est essentiel que les techniques et les matériaux employés soient appliqués dans les meilleures règles de l’art. Outre les connaissances requises, ceci implique une excellente coordination et communication entre la direction des travaux, les spécialistes et les artisans. Cette façon de procéder, qui est aussi la seule manière de perpétuer le savoir-faire, n’exclura pas le recours aux outils et aux techniques les plus récentes permettant d’améliorer la mise en œuvre, d’optimiser la qualité d’exécution ou de réaliser ce qui serait impossible avec les techniques artisanales. La connaissance approfondie que nous avons de l’édifice doit nous faire adopter un comportement prudent, mais pas nécessairement nostalgique ou nous empêcher d’intégrer des innovations techniques et des améliorations architecturales. En effet, par rapport à nos prédécesseurs nous bénéficions de technologies et de moyens d’analyses plus importants, de plus nous avons l’avantage du recul historique. Nous pouvons diagnostiquer les causes de dégradations dues au vieillissement des matériaux, aux conditions environnementales, aux erreurs de conception et en tirer les conclusions pour intervenir de façon appropriée.